La basse-cour de la poule pondeuse

Avant j’avais des principes, maintenant j’ai des enfants

France vs. USA 17 avril 2008

Filed under: Allaitement,Grossesse — poulepondeuse @ 3:20
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J’ai vu hier sur Babble (souvenez-vous) un article intitulé C’est bon ? An expat fact-checks France’s rep as a parenting paradise (c’est-à-dire Une expat vérifie la réputation de la France comme paradis des parents). Donc apparemment pour les Américains (ou plutôt les Etatsuniens devrais-je dire) la France est un paradis pour les femmes enceintes et les jeunes parents (un peu comme les Pays-bas en matière de naissance pour nous…). Notre réputation là-bas est telle que si on en croit l’auteur, les livres sur la maternité ne devraient contenir qu’une seule ligne : « Epousez un Français ». J’ai trouvé très intéressant de nous voir par le bout US de la lorgnette.

Voici les principaux avantages que nous aurions et que nos amies outre-Atlantique nous envient :

  • Vin et fromage enceinte : Officiellement, ni le vin (ou aucune autre forme d’alcool d’ailleurs) ni le fromage au lait cru ne sont recommandés pendant la grossesse. Mais autant il y en a certaines (comme moi) qui suivent scrupuleusement les recommandations sanitaires (m’en fous j’aime pas le fromage), autant l’ambiance générale reste encore assez cool sur le sujet, ou au moins plus cool qu’aux US. Apparemment là-bas prendre un coca light enceinte revient à s’exposer à la vindicte publique, à cause de… la caféine ! Donc nous sommes probablement juste un peu moins parano sur le sujet. Et je passe sur la pression insupportable qu’on met sur les femmes enceintes pour qu’elles aient la silhouette de Kate Moss pendant et après la grossesse (ça mérite un billet à part !).
  • Crèche gratuite : Là l’auteur n’a pas d’autre choix que de reconnaître une vaste part de mythe sur ce douloureux sujet. Les places en crèche ne sont pas nombreuses, et on se précipite sur n’importe laquelle parce que de toute façon il n’y en a pas d’autre, alors qu’apparemment les US moms visitent un certain nombre de lieux pour choisir celui qui leur semblera digne d’accueillir leur progéniture. Par contre il est clair que la maternelle -gratuite tant que vous allez dans le public- a peu d’équivalents dans le monde (et aucun aux US). A cette occasion, on découvre qu’aux Etats-Unis on commence le pot vers 3-4 ans plutôt que 2 ans – 2 ans 1/2 comme chez nous (d’ailleurs je crois qu’à l’inverse la grossesse dure 40 semaines contre 41 chez nous, comme quoi…).
  • Enfants bienvenus : Apparemment en France les enfants sont bien accueillis dans les restaurants et mariages, et il est de bon ton d’aller partout avec eux. Pour les mariages, je suis tout à fait d’accord (au passage, petit débat pour les commentaires : est-il acceptable de donner le sein à l’église ?), pour le reste il me semble que la réalité est plus nuancée. Et je ne pense pas que l’auteur ait jamais essayé de prendre le métro avec une poussette… En plus, si on en croit cette expat au Texas (mais depuis de retour à Paris), aller au ciné avec 3 enfants dont un bébé aux US : peace of cake !

Je rajouterai qu’apparemment aux Etats-Unis il y a une vraie controverse sur l’allaitement en public, un peu/beaucoup hypocrite, du genre « Couvrez ce sein que je ne saurez voir ». Diverses solutions allant de ridicules à franchement pénibles ont été proposées pour calmer les puritains : allaiter aux toilettes ou dans un local prévu à cet effet (en général un grand placard…), porter une sorte de couverture/tente/burqa pour étouffer gentiment l’enfant qui tète, ou encore se promener avec des biberons de lait maternel tiré (tellement pratique !). Une mère a même été virée d’un avion car elle refusait d’allaiter dans les toilettes. Autant vous dire que l’affiche de J’ai toujours rêvé d’être un gangster n’aurait probablement pas fini dans tous les couloirs de métro/abribus là-bas.

Et ne parlons pas des coûts médicaux : là encore, après avoir lu notre (ex)Texane, vous trouverez très raisonnables les dépassements d’honoraire de votre toubib…

Hum je réalise que mon billet risque de passer pour de l’anti-américanisme primaire, ce qui n’était pas vraiment mon intention ! J’aimais beaucoup d’ailleurs le blog de la Desperate housewife du Texas, qui donnait une vision très nuancée de ce pays (malheureusement elle ne publie plus beaucoup depuis qu’elle est rentrée à Paris), et je vous invite à faire un petit tour dans les archives. Et puis c’est eux qui ont fait Babble, après tout.

 

La tototte : amie ou ennemie ? 16 avril 2008

Toute personne sans enfant s’est déjà trouvée face au tableau suivant : un bambin de 2-3 ans, tétine à la bouche, marmonnant quelques mots incompréhensibles. Il fait alors tomber la tétine, et s’ensuit une crise terrible jusqu’à ce qu’il retrouve enfin sa tototte chérie. La personne se fait alors un serment solennel « Jamais mes enfants n’auront de tétine ! Pauvre gosse, ses parents sont vraiment trop nuls (et apparemment n’ont pas lu Aldo Naouri) ». Ce que cette personne ignore, c’est que pour la plupart, les parents de cet enfant s’étaient AUSSI fait cette promesse solennelle. Alors, que s’est-il passé ?

Un nouveau-né est un petit être fragile. Son système nerveux notamment est immature, et ne lui permet que peu de relativiser, ou de se dire « ça ira mieux plus tard », s’il a un quelconque désagrément (mal au ventre, faim, un orteil qui gratte, peur de rater la Star Ac’ ou que sais-je). De plus, bien qu’il ait des compétences incroyables, il n’a que peu de moyens de se réconforter tout seul. Et parfois -une fois ses besoins de base satisfaits- même les bras aimants de ses parents ne suffisent pas à le réconforter. La seule solution est alors la succion dite non nutritive, c’est-à-dire le fait de téter sans manger. C’est d’ailleurs souvent utilisé en néonatologie pour soulager les bébés pendant les soins et éviter de les abrutir de médicaments analgésiques.

Comment alors satisfaire ce besoin de succion non nutritive ? A ma connaissance il y a quatre possibilités :

  • donner le sein
  • donner son petit doigt (ou celui du papa, pas de raison que ce soient toujours les mêmes)
  • donner une sucette/tototte/tétine/tututte/tutte/lolette
  • l’enfant prend son pouce

Chacune de ces méthodes a ses avantages et ses inconvénients, mais pour la dernière il est très rare qu’un poussin y arrive avant deux mois, et il faut généralement compter quatre-cinq mois. Donc elle ne s’applique pas dans les premiers mois, là où le besoin de succion est justement le plus intense (peu à peu les bébés arrivent mieux à se réguler, à relativiser, et à trouver d’autres sources de réconfort/distraction). Et si vous n’allaitez pas, la première méthode est a priori exclue.

Le sein : La stimulation quasi-permanente du mamelon assure une bonne production laitière (cette situation n’est cependant pas souhaitable pour tout le monde, rappelez-vous), et la succion du sein est la plus favorable au développement bucco-dentaire. Et on ne risque pas de confusion sein-tétine. Sans compter que c’est à peu près l’idéal en termes de germes et de maladies. Le facteur limitant est généralement la disponibilité de la mère : non, on n’est pas une mauvaise mère si on n’a pas envie d’avoir un nouveau-né pendu au sein 27h/24. Et si l’enfant doit être gardé, il va probablement falloir trouver une autre solution. Mais ça n’est certainement pas une raison pour jeter la pierre (à grands coups de « quoi ? encore au sein ? » et  » tu te fais littéralement bouffer par ce petit fourbe manipulateur ») à celles qui optent pour cette solution, bien au contraire, c’est d’encouragements qu’elles ont besoin.

Le doigt : a priori ne modifie pas les habitudes de succion de l’enfant. De plus comme cette situation est assez paralysante pour le parent, vous êtes sûr de ne pas en abuser et de ne l’utiliser qu’en dernier recours. Au niveau hygiène, il vaut mieux éviter après avoir changé une roue. Ceci dit, surtout si le poussin est allaité, il est protégé vis-à-vis de la flore de la mère, et si celle-ci échange suffisamment de bave avec le père, cela marche aussi pour lui. Par contre il est déconseillé que d’autres personnes que les parents donnent le doigt.

La sulfureuse tétine (*signe de croix*) : Vous permet de faire autre chose pendant que le poussin tète gentiment dans son coin. Par autre chose je ne veux pas forcément dire surfer tranquillement sur le net et vous faire une French pédicure (quoi que…), mais tout simplement prendre une douche, ou conduire jusqu’à la maison, sans que le poussin s’époumone harmonieusement comme si vous essayiez de lui sortir les yeux à la petite cuillère. Peut aider aussi le poussin à s’endormir tranquillement, parfois plus efficacement qu’une berceuse ou que mille deux cent quarante-trois tours de votre appartement dans les bras. Inconvénients : peut entraîner une confusion de succion et/ou une baisse de lait et mettre en danger l’allaitement. Certains poussins ne veulent pas en entendre parler. Accusée de nombreux maux (otites, caries, dents de travers, troubles du langage…), la réalité est en fait plus nuancée, comme le montrent les recommandations de la Société canadienne de pédiatrie. Autre problème : le poussin qui la perd et vous réveille dix-huit fois par nuit pour que vous la lui remettiez. Le manque de sommeil rend créatif, et des parents ont mis en place des tas de solutions : mettre vingt totottes dans le lit pour que l’enfant en trouve facilement une, mettre la tototte sur un élastique tendu en travers du lit, ou encore cette technique apparemment pas si imparable… Au niveau hygiénique, la tototte peut être lavée et stérilisée sans problème, mais que faire si elle tombe dans le métro et que vous n’en avez pas d’autre sous la main ? (réponse : se promener avec une quinzaine de sucettes sur vous) Et puis soyons francs, les bébés ne sont pas franchement mis en valeur avec cet anneau qui pendouille.

Le pouce/les doigts : Votre poussin a trouvé son pouce ? Personnellement c’est ma solution préférée : il l’a toujours sur lui et sait toujours où le trouver. Au niveau hygiène, on essaie de l’empêcher de manger nos chaussures et c’est déjà pas mal. Principal inconvénient : quand viendra le moment d’arrêter, on ne peut pas le contrôler et décider que maintenant c’est fini (enfin il existe des vernis répulsifs à mettre sur l’ongle, ou des remèdes de grand-mère charmants du style coudre la manche du pyjama…). Et au bout d’un moment apparaît une sorte de bouton à la base du pouce (apparemment ni gênant, ni grave).

Conclusion : que faire ? L’usage de la tétine ne devrait pas être systématique (notamment dans les maternités), et on ne doit pas vous l’imposer. Cependant, utilisée avec discernement, elle peut s’avérer précieuse au quotidien : même la Leche League le reconnaît. Ainsi, si vous allaitez, éviter de la donner tant que le réflexe de succion et la lactation ne sont pas bien établis, et n’hésitez pas à privilégier le sein (même temporairement) si l’un ou l’autre vous semblent compromis. Ne jamais tremper la tututte dans un liquide sucré (sauf cadre médical bien défini, notamment si elle est utilisée comme analgésique pour un soin douloureux). On peut aussi essayer de fournir une autre réponse (quand c’est possible bien sûr) : bras, berceuse, écharpe, promenade, etc avant de proposer la tétine. Quand le poussin grandit, on peut enfin commencer à lui proposer d’autres choses à tétouiller, comme un doudou qu’il pourra tenir et utiliser à sa guise (euh là niveau hygiène débarquement imminent de la DDASS…).

Si cela peut rassurer de jeunes parents à qui on prédit que leur poussin passera son bac tototte en bouche, le nôtre a été un véritable accro entre 1 (avant on lui donnait le doigt, les malheureux…) et 3-4 mois. Et je peux vous dire qu’il y a un certain nombre de moments où c’était la seule chose qui le calmait (même le sein qui débordait de lait n’y faisait rien). Ensuite il s’en est progressivement désintéressé et vers 5-6 mois la refusait complètement. Entretemps il a trouvé son pouce, qu’il prend uniquement quand il est fatigué ou quand il a faim. Evidemment, c’est un exemple et chaque poussin est différent. Enfin on n’a jamais vu personne passer son bac avec une tototte (passons sur les négociations au couteau avec le tonton ado du poussin qui voulait lui piquer ses tétines cet été…).

Donc comme toujours, je dirai : écoutez-vous, observez votre enfant, gardez l’esprit ouvert, trouvez votre rythme et vos solutions.

 

Stériliser or not stériliser, that is the question 15 avril 2008

Suite à une petite conversation en commentaire avec anne, je suis allée fouiller sur le site de l’Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des aliments), qui a émis un certain nombre de recommandations sur les biberons (préparation, conservation, nettoyage). Celles-ci concernent à la fois les biberons de lait maternel et de lait maternisé, donc peuvent intéresser le plus grand nombre.

On peut trouver le rapport complet ici (116 pages -mais la moitié est une traduction en anglais-, avec certaines parties concernant les crèches et les services pédiatriques, pas passionnantes) et un petit résumé sous forme de questions-réponses (mais moins complet forcément).

Leur conclusion est claire : de façon générale, il n’y a pas lieu de stériliser les biberons. Par contre il faut les laver minutieusement (si au lave-vaisselle, la température doit être d’au moins 65°C), et les faire sécher à l’air libre (jamais au torchon). Si on ne peut pas les faire sécher, il faut les laisser au frigo. Et bien sûr toujours se laver les mains avant de préparer un biberon.

Pour utiliser un tire-lait, il faut le laver d’abord à la main puis éventuellement au lave-vaisselle. Il est recommandé de passer à l’eau bouillante (pas l’eau chaude du robinet qui est un nid à microbes) la téterelle et le flacon de recueil, et de les laisser refroidir à sec. Ne pas utiliser de stérilisation chimique à froid (pourquoi, mystère). Par contre le récipient de conservation n’a pas besoin d’être stérile du moment qu’il est bien propre (comme expliqué plus haut). Là je ne comprends pas trop pourquoi il faut ébouillanter le flacon de recueil mais pas celui de conservation. Si quelqu’un a une explication… Sans compter que s’il faut faire bouillir son tire-lait au boulot, on est mal barrées.

D’après le rapport, les stérilisateurs vendus dans le commerce ne remplissent par ailleurs pas les normes actuelles pour être qualifiés de procédés de stérilisation (ce qui ne veut pas dire qu’ils soient totalement inefficaces non plus).

Conservation du lait maternel : 4 h à température ambiante, 48 h au frigo, 4 mois au congélateur.

Conservation du lait maternisé : 1 h à température ambiante, 30 h au frigo.

Dans tous les cas, il faut le mettre au frais le plus vite possible. Si on veut remplir un biberon par étapes (par exemple avec la coquille recueil lait -totalement ignorée par le document, dommage), il faut refroidir le nouvel apport de lait avant de le mélanger au reste (qui est bien sûr déjà au frigo). Et attendre que le biberon soit totalement rempli pour le congeler. Apparemment les bacs à glaçon pour la surgélation ne font pas partie des contenants recommandés (flacons/biberons en polypropylène, polycarbonate ou verre), même s’il peut être bien pratique.

A noter que l’eau utilisée pour les biberons ne doit pas venir d’un dispositif de filtration (type carafe Brita par exemple), qui auraient tendance à accumuler les bactéries. Et l’eau embouteillée doit être (une fois ouverte) conservée au frigo, et pas plus de 24 heures (ha, ha, ha). Sachant qu’il ne faut pas chauffer les biberons au micro-ondes (hi, hi, hi).

Notez que l’Afssa ne recommande pas en général de chauffer les biberons ; nous avons d’ailleurs vite proposé cela au poussin qui heureusement a été d’accord : c’est vraiment beaucoup plus pratique (surtout en déplacement).

Que faire de toutes ces recommandations ? A mon humble avis, s’en inspirer au quotidien, mais rester cool, surtout quand le poussin commence à utiliser ses petites menottes pour porter tout ce qui passe à sa jolie petite bouche édentée… Quelle est l’utilité de donner des biberons stériles alors qu’il est en train de mâchonner votre chaussure qui sort du métro ?

 

Que sont-ils devenus ? 11 avril 2008

Aujourd’hui un billet pour vous donner quelques infos et liens supplémentaires en rapport avec de précédents articles.

Allaitement (voir ici et ici) : suite au refus d’une crèche de donner du lait maternel après 6 mois, une pétition est lancée pour qu’une loi soit faite pour que ça n’arrive plus. On peut la signer ici.

Chaussons en cuir souple : Pour ceux qui habitent dans des contrées polaires, ou chez qui il y a du carrelage très très froid, et qui trouvent que les chaussons c’est un peu léger, je vous ai trouvé un lien aux petits oignons : des petits chaussons fourrés fabriqués à la main au TIbet, pour seulement 19.95 $ la paire (port compris). Il y a aussi des petites bottines à peine plus chères. Certes ça n’est plus trop la saison, mais vue la météo ça fait une bonne excuse pour dégainer la CB (je suis forte, je résiste, je suis forte, je résiste…). Et si le dollar venait à remonter, il vaut mieux profiter du cours avantageux maintenant (je suis forte, je résiste, je suis forte, je résiste…).

Aldo Naouri : Grâce au blog Faisons avancer les choses, je vous suggère d’aller voir l’article de Elle où Alix Girod de l’Ain (alias le Dr AGA pour celles qui lisent Elle) teste la méthode Naouri. Ecrit avec son humour habituel, et criant de vérité.

La technique magique du bain : Pas de lien en particulier, plutôt quelques observations (en conditions contrôlées) sur l’évolution de la technique avec l’âge du poussin. Et ce surtout si vous avez pris l’option « explorateur/Dr Livingstone » sur votre poussin (ou pas d’ailleurs, ce qui peut mener à certaines tensions dans le couple, pour savoir qui a coché cette foutue option). Bref. Une fois donc que le poussin commence à maîtriser sa position et à savoir en changer tout seul, vous pouvez le mettre directement assis dans le bain. Il y a aussi des chances qu’il ne veuille plus aller sur le dos (alors que c’est quand même la position la plus pratique pour lui laver les cheveux). L’avantage, c’est que quand il commence à se mettre debout, c’est carrément plus pratique pour le savonner (façon fouille au corps à la douane…). Moins pour le rincer cependant. L’inconvénient, c’est que la baignoire, ça glisse, alors je vous raconte pas les gamelles. Le dernier truc du poussin : on laisse couler l’eau pendant qu’il est dans le bain (arrêter l’eau avant qu’on ne voie plus la tête…). Gros gros succès : essayer de boire l’eau (en s’en mettant plein la figure), passer sa main dedans (en s’en mettant plein la figure), s’approcher (en s’en mettant plein la figure), éclabousser partout (en s’en mettant plein la figure). Bref l’éclate totale.

Je vous donnerai bientôt des nouvelles de mon expérience des couches lavables, que nous utilisons à plein temps depuis 2-3 semaines, mais j’attends d’avoir un peu plus de recul pour vous en parler.

 

La valise (3) 9 avril 2008

Pour finir cette merveilleuse trilogie, réfléchissons à ce dont on a besoin pour quitter la maternité et accueillir un poussin chez soi.

Pour partir :

  • A moins que vous ne repartiez à pied, il vous faut un siège auto adapté (dos à la route ou nacelle). Il est conseillé d’en étudier la fixation AVANT le jour J.
  • Selon la météo et la saison il va falloir couvrir le poussin. Il est fortement déconseillé de le mettre en combinaison pilote dans le siège auto (pour la sécurité et puis il ne fait généralement pas si froid dans une voiture). Il existe des nids d’ange avec des petits trous judicieusement placés pour laisser passer la ceinture, et rien ne vous empêche de l’ouvrir une fois qu’il fait bon chaud dans la voiture. Globalement le nid d’ange m’a paru un bon investissement. Cela dit si vous accouchez en juillet à Montpellier, vous pourrez probablement vous en passer (quoi qu’avec le changement climatique, y a plus de saison ma brave dame).
  • Pensez aussi à prendre de quoi vous habiller, vous n’allez quand même pas sortir en tongs et en slip filet…

Une fois rentrés, quels sont les basiques indispensables ?

Pour coucher le poussin :

  • votre lit peut faire l’affaire si vous êtes adepte du cododo mais c’est quand même bien utile d’avoir un couffin/berceau/nacelle/lit de bébé selon ce que vous avez et ce qui vous arrange.
  • Pas de drap, couverture, oreiller ou édredon avant au moins 18 mois (oui il y a des enfants qui meurent étouffés dans leur couette à 1 an et oui j’en ai connu un). S’il fait froid, vous avez le choix entre gigoteuse, surpyjama et nid d’ange : privilégier les modèles les plus faciles à mettre avec nombreuses ouvertures. Pour les premiers mois le nid d’ange est pas mal. Pensez aussi aux draps housse et alèses.
  • Une veilleuse nous a été très utile pour nous occuper du poussin la nuit. Et cela fait plusieurs mois qu’il dort sans sans problème, pour ceux qui auraient peur de donner des mauvaises habitudes.

Pour changer le poussin :

  • N’achetez pas trop de couches d’un coup, que ce soient lavables ou jetables, car il faut trouver le bon modèle pour la morphologie du poussin (sans compter les problèmes d’irritation), et ça même le meilleur échographiste ne pourra pas vous aider. Un petit truc : il vaut mieux passer à la taille supérieure dès que le bébé atteint le bas de la fourchette de poids plutôt que de garder la taille inférieure le plus longtemps possible (ça n’empêche pas de finir le paquet bien sûr), car en plus de la taille la capacité d’absorption augmente aussi. Si vous souhaitez utiliser des lavables, c’est toujours utile d’avoir un paquet de jetables sous la main.
  • Même si on peut changer le poussin par terre, sur son lit ou que sais-je, c’est quand même bien pratique d’avoir un espace dédié à hauteur de parent (on n’est pas obligé d’acheter une table à langer, ça dépend vraiment de la configuration de votre chez-vous ; par exemple nous avons aménagé le dessus du lave-linge avec une grande planche et des tasseaux), où vous pourrez avoir tout ce qu’il vous faut sous la main. Investissez au moins dans un genre de matelas (il y en a un pas cher du tout et tout blanc -parfait pour les allergiques à Winnie et ses amis- chez le célèbre magasin d’ameublement bleu et jaune). Il vaut mieux choisir un endroit où tout est facilement nettoyable, y compris le sol, mais je n’en dis pas plus pour ne pas choquer les âmes sensibles.
  • Le plus simple est d’utiliser de l’eau et des carrés de coton (en supermarché à côté des couches), avec éventuellement une crème apaisante (genre liniment oléo-calcaire, en pharmacie). Si votre conscience écologique vous taraude, vous pouvez utiliser un gant de toilette et/ou des carrés de polaire lavables. En cas de grosse irritation, le mytosil est un grand classique (mais l’odeur…) ; j’aime bien les pâtes à l’eau comme eryplaste, ça marche bien et ça ne sent rien.
  • Prévoir évidemment une poubelle étanche, facile à nettoyer, grande (>15L sauf si vous avez un vide-ordure/adorez sortir les poubelles ; indispensable si vous utilisez des lavables) et de préférence à pédale (à moins que vous ne soyiez un poulpe).

Pour les soins :

  • Pour le cordon : compresses stériles, éosine en unidoses et alcool à 60°
  • Des unidoses de sérum physiologique sont utiles pour nettoyer le nez, les oreilles et les yeux. On en trouve en supermarché.
  • Un thermomètre peut s’avérer utile si vous soupçonnez de la fièvre.

Pour le nourrir :

  • Que vous allaitiez ou pas, il est utile d’avoir un ou deux biberons et une petite boîte de lait maternisé sous le coude. Attention, certains bébés refusent certaines tétines, donc il vaut mieux attendre de voir sa réaction avant d’en acheter 10 de la même marque. Et toutes les tétines ne sont pas compatibles avec tous les biberons (même si les fabricants prétendent le contraire). Pensez au goupillon pour nettoyer.
  • Pour stériliser, sachez qu’on peut faire bouillir 5 minutes (sauf le caoutchouc, qu’on peut stériliser avec des pastilles, vendues en hypermarché) ou passer 10 minutes à la vapeur (plus rapide dans l’autocuiseur). Donc si vous ne pensez stériliser qu’occasionnellement (pour info il n’est plus recommandé de stériliser systématiquement les biberons, sauf pour conservation du lait maternel), il n’est pas indispensable d’investir dans un gros bidule. Attendez un peu pour évaluer vos besoins.
  • Le coussin d’allaitement peut servir aussi bien pour le sein que pour le bib, et permet de bien s’installer pour des tétées qui sont souvent longues et fréquentes au début.
  • Si vous allaitez, attendez que la montée de lait soit passée pour racheter quelques soutiens-gorge d’allaitement, afin que votre taille soit à peu près stabilisée. Les hauts d’allaitement ne sont pas indispensables : on soulève son t-shirt et voilà ! Avec le bébé bien installé (et le coussin !) on ne voit rien de votre bidon qui pendouille. Les coussinets d’allaitement sont souvent indispensables au début, il existe des lavables et des jetables. Au moins au début, privilégier ceux avec effet « au sec » pour protéger les mammelons. Ne pas oublier son tube de lanoline à la maternité… Les coquilles recueil-lait sont pratiques aussi (souvent le sein qui n’est pas tété coule de concert avec son copain), ça permet de recueillir un peu de lait sans recourir au tire-lait et puis ça peut aider à stimuler la lactation si vous vous sentez dépourvue à ce niveau-là. Par contre à éviter à tout prix de les utiliser la nuit parce que c’est un coup à en mettre partout… Les bouts de sein en silicone (ou téterelles) sont controversés : certaines ne jurent que par eux, d’autres au contraire pensent qu’ils ont failli saboter leur allaitement. A utiliser avec discernement donc. J’ajouterai le téléphone d’une personne de confiance (et qualifiée) en cas de problème : sage-femme, consultante, bénévole d’une association…

Pour la jeune pondeuse :

  • Des stocks de serviettes hygiéniques (parce que pas évident d’envoyer votre homme, surtout qu’il risque de ne pas rapporter les bonnes) : désolée pour celles qui ne savaient pas mais après 9 mois de tranquillité, on rembourse avec pénalités de retard. Ne lésinez pas sur la qualité car ça peut durer facilement 2-3 semaines, ce qui peut être irritant à la longue (au propre comme au figuré). Je ne sais pas si des serviettes lavables pourraient être plus confortables (mais oui ça existe aussi !).
  • Un porte-bébé peut être utile très vite, même (et surtout) à la maison, pour pouvoir faire autre chose sans délaisser son poussin (et sans qu’il hurle comme si on voulait lui arracher un oeil, ce qui est très mauvais pour la santé mentale de ses parents).
  • Je crois l’avoir déjà mentionné dans ces pages, mais la sécu vous remboursera plusieurs visites de sage-femme à domicile (j’ai pas retrouvé le nombre exact), il ne faut pas hésiter à en profiter, elles sont compétentes pour (bien) s’occuper de maman et de bébé. Et c’est tellement plus agréable que d’aller courir à la PMI. Vous pouvez obtenir leurs coordonnées auprès de la maternité (entre autres).
  • De l’aide ! Que ce soit le papa ou une autre personne (bien choisie, évitez la belle-mère si elle vous donne déjà de l’urticaire en temps normal), on n’est pas trop de deux, ne serait-ce que pour nourrir la jeune mère (l’allaitement ça creuse !) et tenter de garder un certain contrôle sur l’état de la maison. Et je ne parle pas de celles qui ont en plus des aînés à gérer…

J’en ai peut-être (sûrement) oublié, donc n’hésitez pas à compléter en commentaire. Mais je crois que pour le reste du bazar (transat, tapis d’éveil, parc, chaise haute, écoute-bébé, trotteur, etc), rien ne presse. Vous allez recevoir des cadeaux, et puis si on ne veut pas que sa maison ressemble (tout de suite) une succursale d’Aubert et consorts, on peut y aller progressivement, et essayer de voir au fur et à mesure ce qui nous rendrait vraiment service. D’autant plus qu’avec internet on n’est plus obligé de faire une expédition pour le moindre achat.

 

Sevrage et allaitement mixte 27 mars 2008

bib Autant clarifier tout de suite : ce billet n’est pas un débat pour savoir jusqu’à quand allaiter. C’est l’affaire personnelle de chacune et ce n’est pas à moi de m’en mêler. Il s’agit juste de donner quelques pistes à celles qui souhaitent arrêter avant le sevrage « naturel », pour aider à la transition.

D’abord -si c’est possible- il vaut mieux éviter que le sevrage soit concomitant avec un autre changement important dans la vie du poussin (au hasard : maman retourne au travail). Il est aussi préférable pour tout le monde de prévoir un peu de temps (pour passer d’un allaitement exclusif au 100% biberon compter au moins une semaine et idéalement deux voire trois). Et plus le poussin est diversifié (moins il tète), plus c’est facile. Enfin, la physiologie de la lactation fait que c’est plus simple de sevrer après 2-3 mois qu’avant, quand on a encore des montées de lait.

D’autre part, il peut être judicieux de commencer par introduire le biberon avec du lait maternel, histoire de faire une découverte à la fois. Cela peut être fait dès que l’allaitement est bien installé sans le compromettre. Certains poussins refusent totalement le biberon, même avec du lait maternel. Mieux vaut que ce ne soit pas la mère qui donne le premier biberon (volontaire désigné : au hasard, le père), car l’enfant risque de ne pas comprendre pourquoi elle ne lui propose pas son sein préféré. Il peut même être préférable qu’elle quitte la pièce. Comme toute nouveauté alimentaire, le premier bib est plus facilement accepté si vous n’attendez pas que le bébé hurle de faim. Mieux vaut lui proposer quand il est à peu près de bonne humeur, quitte à ce qu’il n’en prenne qu’un petit peu la première fois. Si il refuse totalement, n’insistez pas sur le coup et reproposez plus tard. Il faut savoir que certains bébés sont très difficiles sur la tétine ; parfois essayer une autre marque peut s’avérer payant.

A propos de tétine, il vaut mieux en choisir une à faible débit (pour nouveau-né, deux trous maximum), même si votre poussin est plus âgé. Ainsi vous optimiserez vos chances qu’il continue à prendre le sein pour les autres tétées.

Autre petit problème technique : quelle quantité de lait préparer ? Au sein on n’a pas la moindre idée du volume ingurgité, et même s’il a déjà pris des biberons de lait maternel, il n’est pas dit qu’il lui faille les mêmes quantités de lait artificiel. Un truc simple est de proposer le volume suggéré sur la boîte de lait pour l’âge de l’enfant. S’il en laisse, c’est qu’il a eu assez. Par contre s’il le siffle en entier, vous pouvez rajouter 30 ml au prochain. Personnellement, je préfère en préparer juste un peu plus pour être sûre que le poussin ait assez.

Une fois ce premier contact établi, vous allez pouvoir remplacer une tétée par un biberon. Mieux vaut éviter de commencer par la tétée du matin ou par celle du soir, l’idéal étant celle de la fin d’après-midi où la lactation est généralement plus faible. Si vous sentez un peu de tension dans les seins, n’hésitez pas à tirer un peu de lait pour éviter un engorgement. Si nécessaire, vous pourrez tirer un peu moins de lait chaque jour jusqu’à ce que vos seins s’habituent à moins produire. Ensuite il faut éviter de supprimer deux tétées consécutives, et attendre deux-trois jours entre deux suppressions de tétées. Notez que le temps d’ajustement du corps n’est pas forcément linéaire : personnellement il m’a fallu une semaine pour ne plus avoir les seins tendus après avoir supprimé une tétée, alors que pour les autres en 24 heures c’était plié.

Si le poussin tète encore la nuit (et que vous aimeriez qu’il arrête…), vous pouvez assez rapidement proposer un biberon à la place. Certes il faut se lever, allumer la lumière et tout, mais : 1. le papa peut s’en occuper pendant que vous dormez du sommeil du juste et 2. si le repas de la nuit est la seule tétée qu’il reste au bébé, sa valeur affective risque de vite dépasser sa valeur nutritive. Ne vous méprenez pas, j’adore faire des câlins à mon poussin, mais la nuit honnêtement je préfère dormir.

De fil en aiguille, vous arrivez généralement à la situation suivante : il vous reste une tétée le matin et une tétée le soir, situation merveilleusement compatible avec votre reprise du travail, généralement connue sous le nom d’allaitement mixte. Cette situation est-elle pérenne ? Je n’en suis pas sûre, et je ne suis pas la seule : encore un bel article de Co-naître, L’allaitement mixte, est-ce possible ? du Dr Claire Laurent. D’abord, pour certaines femmes la lactation peut rapidement se tarir, et n’être relancée que par un allaitement exclusif, ce qui n’est pas le but du schmilblick si on ne veut plus allaiter. Ensuite, certains bébés préfèrent le biberon et se désintéressent totalement du sein. Enfin, même si -comme votre amie la poule pondeuse– vous avez une lactation généreuse et un poussin totalement bilingue sein-biberon, ça risque de ne pas suffire malgré tout. Ainsi, j’avais fini par supprimer la dernière tétée (du soir) car au bout de 45 minutes de tétée intensive le poussin ne semblait toujours pas vraiment rassasié. Et pourtant il y avait toujours du lait à la fin de la tétée, mais le débit ne suivait pas. Donc remplacement par un biberon. Je dois dire que j’ai toujours considéré l’allaitement surtout du point de vue nutritionnel, mais je sais que pour certaines c’est le côté affectif qui prévaut (ce que je respecte bien sûr entièrement). Dans ce cas je pense qu’il est possible de garder une tétée « câlin » par ci par là pendant longtemps. Mais sinon ne vous leurrez pas : l’allaitement mixte est dans la grande majorité des cas la transition vers le sevrage total.

(image : http://www.villiard.com/images/bebes/boire-biberon.jpg)

 

L’allaitement rend-il beau, riche et intelligent ? 15 mars 2008

Vous avez sans doute remarqué la foultitude d’articles sous laquelle on croule régulièrement : oui l’allaitement protège l’obésité, mais finalement il n’augmenterait le QI que si on possède un certain gène, sauf qu’il rendrait significativement moins addict à TF1, mais tout en augmentant les chances de gagner la Star Ac’, etc etc. Que penser de tout ça ?

A mon humble avis, ces études prennent le problème à l’envers. Il n’y a pas à prouver que le lait maternel et le sein sont supérieurs au biberon et au lait artificiel. Ils le sont, c’est sûr. On a un peu tendance à l’oublier je trouve, mais c’est le lait maternisé et le biberon qui imitent l’allaitement maternel, et non l’inverse. Donc c’est à eux de prouver leur innocuité, et non pas à l’allaitement d’établir sa supériorité. On devrait s’inquiéter de ce que les enfants nourris au lait artificiel ne rentrent pas dans les courbes des allaités plutôt que l’inverse.

Ceci étant posé, est-on une mère indigne si on ne peut/veut allaiter son bébé, et ce jusqu’au sevrage naturel ? Certes les laits artificiels sont moins bons, mais ils ne sont pas mauvais pour autant. Et vue la multitude de formules disponibles (incluant des laits végétaux, bios ou que sais-je), on doit pouvoir en trouver un qui convienne à chaque bébé et soit un bon substitut au lait maternel, même s’il n’est pas aussi parfait. Tout le monde sera d’accord pour dire que l’air des Alpes est plus pur et moins pollué que l’air parisien, et qu’il serait donc meilleur pour un enfant. Jette-t-on pour autant l’opprobre sur tous les parents parisiens ? Non, car le bien-être d’un poussin est multi-factoriel. Et il ne sera pas heureux si ses parents ne le sont pas, surtout si leur mal-être provient (en partie) de choix liés au bébé qui ne leur conviennent pas.

On dit souvent « mieux vaut un biberon donné avec amour qu’un sein donné à contre-coeur ». Je crois que globalement un poussin sera en meilleure santé, tant physique que psychologique, avec un biberon et une mère équilibrée qu’avec du lait maternel et une mère dépressive (en caricaturant).

Ceci dit, nous avons en France un vrai problème avec la promotion de l’allaitement. Comment expliquer que tant de femmes abandonnent rapidement l’allaitement, plus ou moins à contre-cœur, car pas assez de lait, trop douloureux ou autre, alors que 98% des Scandinaves allaitent. A moins que se rouler nue dans la neige après le sauna affecte significativement la production de lait, nous pouvons donc en déduire que la très grande majorité des femmes devrait être parfaitement capable d’allaiter, si seulement on prenait la peine de lui expliquer convenablement de quoi il retourne. Si cela vous intéresse, je vous conseille la lecture de cet article de l’institut Co-naître, qui est une analyse scientifique très fouillée du problème : Allaitement maternel : l’insuffisance de lait est un mythe culturellement construit, par Gisèle Gremmo-Freger (2003). Il faudrait aussi qu’au moindre signe de problème physique de la mère et/ou de l’enfant, le corps médical propose d’abord des pistes pour continuer l’allaitement plutôt que de préconiser le sevrage. C’est tout à fait logique si on se rappelle que c’est le biberon la roue de secours. Et je ne me lancerai pas sur la longueur du congé maternité et son effet ravageur sur la poursuite de l’allaitement.

Quant à l’entourage de la jeune maman, son rôle semble parfois être de l’enfoncer dans sa culpabilité quoi qu’elle choisisse : il lui assènera avec autant de conviction « Quoi, tu l’allaites encore ? Mais tu ne penses qu’à ton propre plaisir égoïste/Tu dois être épuisée » que « Pauvre enfant comment peut-il supporter cet infâme bout de plastique et ce lait infect ? » (rayer la mention inutile).

Et l’OMS ? Qui n’a pas entendu ces fameuses recommandations : allaitement exclusif jusqu’à six mois puis diversification avec lait maternel jusque vers deux ans ? C’est tout à fait fondé, mais n’oublions pas que le M d’OMS signifie « mondiale » : la vocation de cette noble institution est de s’adresser à la grande majorité de la planète qui n’a pas les sous pour se payer du lait artificiel de qualité et ne dispose pas non plus d’eau potable sûre. Il est clair que le lait artificiel est un luxe de pays riche et un véritable massacre s’il est mal utilisé. Et les campagnes éhontément organisées par les fabricants dans les pays du tiers-monde, qui plus est sous couvert de philanthropie et d’humanitaire, sont un scandale à propos duquel on aimerait un peu plus d’indignation de la part des institutions concernées. A ce propos, voir cet article très complet de la FAO sur l’allaitement maternel et les risques d’autres pratiques dans les pays en voie de développement.

Si vous êtes enceinte et que vous vous posez l’inévitable question « sein ou biberon », n’oubliez pas que c’est votre corps et votre bébé. Vous seule savez ce qui est bon pour l’un comme pour l’autre. Renseignez-vous, lisez, prenez des idées et des conseils à droite et à gauche, mais au final c’est votre décision et personne ne devrait vous demander de la justifier. Et vous avez même le droit de changer d’avis en cours de route. Jeunes et futurs pères, donnez votre avis, discutez, mais au final respectez et soutenez vos femmes dans leur choix, elles en auront vraiment besoin.

Si vous souhaitez allaiter, sachez que les débuts peuvent être difficiles (à ce propos un autre excellent article de Co-naître : « Tu enfanteras dans la douleur, tu allaiteras dans le bonheur » de Mariella Landais, 2005), mais ne laissez personne vous faire douter de votre capacité à nourrir votre bébé. Avant la naissance, prenez contact avec des personnes susceptibles de vous soutenir efficacement, comme des sages-femmes libérales ou des associations de soutien à l’allaitement. N’hésitez pas à en voir plusieurs pour trouver quelqu’un avec qui vous vous sentiez à l’aise. Ainsi, à la moindre difficulté vous serez heureuse d’avoir quelqu’un qui vous proposera des solutions adéquates et vous aidera à les mettre en œuvre.

 

Mon bébé arrivé en avance 10 mars 2008

Aujourd’hui la Basse-cour de la poule pondeuse est très fière d’accueillir une guest star : Blandine (une très fidèle commentatrice et néanmoins amie), qui vient nous parler de son poussin un peu pressé de montrer son petit bec. Un sujet qui nous touche tous, même s’il ne nous concerne pas directement. Espérons qu’elle reviendra bientôt avec d’autres textes !

Je vais vous raconter l’histoire d’un très, très petit bébé

Encore une fois, Laurence Pernoud vous a menti… pas de bébé tout rose, pas de chambre décorée avec un joli berceau, pas de valise de maternité remplie de tous les bodies choisis avec amour, un prénom choisi à la va-vite dans une chambre d’hôpital.

Juste un bébé petit, très petit, trop petit.

Nous avons la joie de vous annoncer la naissance de notre Poussin.

Il pèse 1kg 660 et mesure 41 cm.

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Et voilà, ce fameux mardi d’octobre, nous aussi entrions dans les statistiques de la maternité : 7,5% des naissances sont prématurées. Et Poussin obtenait son premier classement : Grand prématuré.

Nous allions entrer dans un monde qui nous était complètement inconnu, apprendre un vocabulaire qui par la suite allait nous devenir plus que familier.

Mais d’abord, comment en arrive-t-on là ?!

En effet, la plupart d’entre vous savent qu’une grossesse dure 9 mois soit 39 semaines ou pour les plus averties 41 semaines d’aménorrhée (SA).

Eh bien lorsque la naissance survient avant 37 SA soit 35 semaines de grossesse (avant 8 mois), elle est dite prématurée. Parmi les bébés prématurés, certains sont plus ou moins ‘grands’ : avant 28 SA (avant 6 mois) on parle de très grands prématurés, entre 28SA et 32SA de grands prémas et entre 32 et 37 SA de prémas.

Vous vous doutez bien que le poids du bébé est à mettre en relation avec sa prématurité. Au royaume des poids plumes, Poussin jouait dans la catégorie ‘poids lourd’ !

Mais pourquoi un bébé ne reste-t-il pas tranquillement dans le nid douillet que lui a confectionné sa maman ?

Ben, parce que…

Pour une partie non négligeable des naissances prématurées il est difficile d’identifier la cause exacte.

Le travail peut être spontané. Qu’est-ce qui le déclenche ? Infections (chorio-amniotite) et hémorragies placentaires (placenta praevia et bas inséré) sont les causes les plus souvent évoquées.

Ou l’accouchement peut être décidé par l’équipe médicale car il y a un risque vital pour la mère et/ou l’enfant : retard de croissance intra-utérin, hypertension artérielle maternelle, rupture prématurée de la poche des eaux.

Après ce passage médical, je vous emmène au pays des couveuses. Et oui, parce qu’un bébé trop petit ne doit pas seulement grossir, il doit aussi respirer, avoir chaud, apprendre à manger… faire tout ce qu’il aurait dû faire dans le ventre maternel.

C’est là qu’a commencé pour nous, parents de ce petit bout, le long chemin vers la maison. Rien ne nous avait préparés à cette naissance si particulière. La veille, j’avais un gros ventre et le lendemain j’étais maman mais sans bébé… on m’aurait arraché un bras que je ne me serai pas sentie plus démunie. Je ne le connaissais pas et il me manquait déjà.

Il a fallu créer le lien qui unit une maman à son tout-petit au milieu des incubateurs, des scopes, des tubes, des sondes et autres machines qui ont fini par devenir notre quotidien pendant deux mois.

Mais au fait, à quoi ressemble la journée d’une maman d’un prématuré hospitalisé ?

Vous vous levez le matin tôt pour tirer votre lait (et oui les fameuses Prim’holstein !), vous le rangez soigneusement dans votre sac congélation qui ne vous quitte plus, vous partez rejoindre Poussin à l’hôpital (vous avez de la chance car vous habitez à 20mn à pied, pas comme votre voisine de couveuse qui habite en banlieue à 1h30 de train), vous déposez votre production laitière au lactarium, puis vous montez les escaliers une boule au ventre de peur que l’irréparable soit arrivé entre le moment où vous avez quitté l’appartement et celui où vous arrivez (le reste du temps votre téléphone est greffé à votre oreille au cas où). Vous arrivez au service de néonatalogie et là commence la décontamination : mieux que dans Urgences, après vous être ‘désinfectée’, vous enfilez votre blouse, vos chaussons, votre charlotte et vous courez jusqu’à la ‘chambre’ que Poussin partage avec quatre autres joyeux drilles tous plus petits les uns que les autres. Après avoir constaté qu’il dormait profondément, vous lisez attentivement la feuille de soins, vérifiez que le scope fonctionne parfaitement, que ses constantes sont bonnes, et là vous respirez à nouveau.

peau a peau

Comme vous êtes arrivée dans les premières, vous pouvez profiter d’un des 2 transats du service que vous installez à côté du ‘lit’ de Poussin. Puis vous attendez qu’une infirmière vienne vous proposer de faire du peau à peau avec Poussin, vous vous installez le ventre à l’air (vous avez laissé votre pudeur dans le sas de décontamination) et attendez que l’infirmière vous pose Poussin contre vous (‘je le débranche ?’, ‘euh, vous êtes sûre, vous savez je suis plus tranquille s’il reste branché à cette merveilleuse machine qui me dit s’il respire et si son cœur bat bien !’) et là commence le plus long câlin du monde.

Vous somnolez, vous lisez, vous papotez avec vos voisines (seins et ventre à l’air bien entendu !), Poussin dort profondément. Et la journée se passe ainsi entrecoupée des passages à la trayeuse (toujours en compagnie d’une voisine qui a des seins plus gros que les vôtres et une production laitière qui pourrait suffire au service entier !), des soins de Poussin, de ses repas (autrement appelés gavages).

Progressivement, Poussin acquiert de l’autonomie et vous aussi. Alors qu’il commence à apprendre à téter, vous êtes capables de le sortir seule de la couveuse, de le débrancher (vous n’avez presque plus peur qu’il arrête de respirer), de le laver, de le changer (avec des micro-couches, merci Pampers !), et même de l’habiller avec les micro bodies que votre maman a fini par trouver à Auchan (maintenant les prémas sont à la mode et toutes les boutiques de puériculture vous proposent la taille préma 1 et la taille préma 2 !) .

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Et le Papa dans tout ça ? Et bien après sa journée de travail, il court jusqu’à la couveuse de son Poussin, s’enquiert auprès de vous de la journée passée et prend sa dose de câlin avant de rentrer avec vous dans cet appartement un peu trop vide. Le week-end, vous passez tous les 2 vos journées avec Poussin dans la ‘chambre’ devenue trop petite et qui ressemble au métro les jours de pointe. On fait la queue à la pesée, au bain, à la trayeuse…

Et voilà, un jour on vous annonce que Poussin va pouvoir rentrer à la maison avec vous. Et là c’est la panique ! Paradoxalement ce jour tant rêvé vous angoisse au point que vous demandez à l’infirmière-chef de retarder un peu cette sortie… le temps d’apprendre à vivre sans les machines (comment je vais faire pour savoir si tout va bien ?), sans les infirmières (et si je faisais tout de travers ?), sans tout ce que vous avez détesté et qui aujourd’hui vous est devenu indispensable.

Maintenant, Poussin n°1 est grand, il a un petit frère Poussin n°2 né à terme, mais je n’oublierai pas un seul instant de cette naissance si particulière et de ses débuts chaotiques dans la vie. Pour faire face à toutes ces émotions qui ont rejailli une fois le cocon hospitalier quitté, je me suis tournée vers une association formidable dont je vous invite à consulter le site : SOS Prema.

 

Eviter et soigner l’engorgement 24 février 2008

bouchon Suite à mes promesses d’hier, voici quelques pistes concernant l’engorgement et ses copines, mastite et lymphangite. Concrètement, de quoi s’agit-il ? Vous sentez une tension désagréable dans une partie du sein, qui peut devenir rouge et gonflée (oui, encore plus que le reste, c’est possible !). Cette tension ne disparaît pas après la tétée (peut s’atténuer puis revenir). C’est généralement un (ou plusieurs) canal lactifère qui est bouché et par lequel le lait ne peut plus s’écouler. Dans certains cas, le bébé n’arrive même pas à faire sortir de lait du sein concerné. Et si vous ne faites rien, ça risque de dégénérer en infection, plus communément appelée mastite ou lymphangite, avec fièvre et autres joyeusetés. C’est surtout fréquent dans les deux-trois premiers mois, quand l’allaitement n’est pas bien régulé, mais ça peut aussi arriver aux vieilles routières.

D’abord, comment éviter une situation somme toute assez pénible ? Tout simplement en évitant le trop-plein : bien alterner les deux seins, et si le bébé saute une tétée, ne pas hésiter à tirer un peu de lait (manuellement ou au tire-lait) si les seins sont tendus. Pas forcément l’équivalent d’une tétée entière, juste de quoi soulager la tension. Evitez aussi de porter des soutien-gorges trop serrés qui vous scient le sein en deux (plus facile à dire qu’à faire quand on fait soudainement du 95 I, je suis bien d’accord). Si vous décidez de sevrer votre poussin, allez-y progressivement (attendez plusieurs jours avant de supprimer une autre tétée) et évitez de supprimer deux tétées consécutives.

Dès que vous sentez les premiers symptômes, prenez immédiatement les choses en main. N’arrêtez surtout pas de faire téter l’enfant, bien au contraire, et ne négligez pas l’autre sein pour autant. Sachez que la zone la plus stimulée du sein est celle au-dessus de laquelle se trouve le menton du poussin. Donc à vous de faire votre propre kama-sutra de l’allaitement pour favoriser le drainage de la zone. Et c’est en tout début de tétée que la stimulation est la plus forte. Vous pouvez « accompagner » en massant la zone douloureuse pendant la tétée.

Entre deux, pour diminuer l’inflammation, appliquez du froid ou du chaud (selon ce qui vous soulage le mieux), et glissez (attention minute glamour) une feuille de chou dans votre ravissant soutien-gorge d’allaitement. Vous pouvez aussi appliquer une pommade du style Osmogel mais à nettoyer soigneusement avant la tétée car pas top pour le poussin. C’est aussi une excuse en or pour vous vautrer dans le canapé pendant que Chéri fait la vaisselle, car le repos est fortement recommandé par la faculté.

Si les symptômes persistent, voire s’aggravent, consultez au plus vite, mais pas n’importe qui. Beaucoup de médecins sont encore hélas peu au fait des subtilités de l’allaitement, et on risque de vous prescrire d’arrêter l’allaitement, ce qui serait dommage et n’arrangerait pas vraiment votre problème. Donc visez plutôt votre maternité ou une sage-femme libérale ; peut-être une consultante en lactation, mais ne les ayant pas fréquentées je préfère ne pas me prononcer sur le sujet. Lorsque cela m’est arrivé, une gentille sage-femme est venue chez moi pour me traire faire un massage drainant. Ça n’est pas très agréable, mais c’est souverain.

(image : http://www.smtc90.fr/upload/smtc/embouteillage.jpg)

 

Allaiter un morphale : quelques pistes de survie 23 février 2008

jaws Tous les conseils et préconisations autour de l’allaitement visent généralement à prévenir et à corriger deux problèmes : un bébé qui ne tète pas bien et/ou pas assez et une mère qui n’a pas assez de lait. C’est tout à fait normal et souhaitable puisque ces soucis peuvent facilement conduire à un abandon précoce et souvent mal vécu de l’allaitement, voire à un risque pour la santé de l’enfant qui perd trop de poids. Mais on ne parle à peu près jamais du « couple » à l’autre bout de l’échelle : Jaws, le bébé morphale aux mâchoires d’acier et sa mère la Prim’Holstein. Comme vous vous doutez, la poule pondeuse et son poussin appartiennent (ou plutôt appartenaient) à cette dernière catégorie. Et c’est uniquement à cette catégorie que les quelques conseils de cet article s’adressent. Je n’ai aucune compétence pour les autres, sinon celle de les adresser aux autorités compétentes justement.

Comment savoir si vous faites partie de cette merveilleuse communauté ? Commençons par Jaws, le prédateur en couches-culottes. A peine frais émergé du ventre maternel, il s’est rué sur votre sein comme la vérole sur le bas-clergé. A la maternité, tout le personnel ébahi constate son incroyable force de succion, et vous vous attendez presque à voir débarquer dans la chambre une délégation menée par le chef de service pour lui remettre la médaille du Téteur de Platine. Il n’est pas à l’air libre depuis 48 heures qu’il a déjà exploré tout le ventre et les pectoraux paternels à la recherche d’un sein nourricier. Votre coq favori arbore d’ailleurs un magnifique suçon sur le bras, et ça n’est pas votre œuvre (on se doute que vous avez autre chose à faire). D’ailleurs vous avez tendance à lui laisser le jeune piranha plus souvent qu’à son tour, vu qu’à moins d’1 mètre de votre généreux décolleté, alléché par l’odeur, il (le bébé, pas le papa) ouvre un large bec et pousse des cris de volume croissant jusqu’à ce que vous colliez votre téton dans le bec en question. D’ailleurs il aura dépassé son poids de naissance avant la fin de sa première semaine.

Et vous ? Si bien stimulée par les mâchoires d’acier, votre montée de lait arrive dans les 48 heures. A partir de là, vous découvrez que telle le Petit poucet, vous semez non pas des miettes mais des gouttes de lait partout où vous allez. Vous consommez 4 paires de coussinets d’allaitement ultra-absorbants par jour et ne quittez votre soutien-gorge que pour la douche sous peine de vivre dans une mare de lait permanente. Quand le poussin prend le sein, il commence par s’étrangler pendant 5 minutes tellement la pression est forte (quand vous lisez que le biberon est une invention infâme car l’enfant ne contrôle pas le débit de lait, ça vous fait doucement rigoler). Si vous aviez réussi à joindre le lactarium, vous seriez probablement devenue leur nouvelle meilleure amie. En attendant, porter une coquille recueil-lait sur un sein pendant que le bébé tète l’autre vous suffit à remplir un 125 ml par jour.

Vous y êtes ?

D’abord on dit généralement que dès qu’un bébé manifeste l’envie de téter, il faut le mettre au sein. Dans votre cas, ce n’est pas forcément la meilleure idée. Les bébés ont en effet pour la plupart besoin de succion non nutritive. Et dans votre situation, entre l’efficacité du poussin et votre débit de lait, dès que le bébé est au sein, il mange. Il ne sait pas « tétouiller », c’est-à-dire mâchonner le sein sans manger. Et votre sein ne semble jamais se tarir. Cerise sur le gâteau, si vous le laissez au sein trop longtemps il va vomir toute sa tétée. Vous découvrez que cet estomac n’est finalement pas sans fond. Ô joie, ô bonheur, vous pensez l’avoir enfin rassasié pour plus d’1h30, et à la place vous (votre poussin, votre lit, votre fauteuil…) baignez dans du lait à peine digéré. Quant au poussin, il a l’estomac vide. Donc une demi-heure plus tard, il a encore faim. Et vos seins, si bien stimulés, vont produire encore plus de lait. Vous songez à vous vendre comme nourrice pour quintuplés mais vos pauvres tétons écrabouillés aimeraient bien avoir un temps de répit.

Donc dans votre cas, il faut que le bébé puisse téter autre chose pour apaiser ce besoin. Il y a bien son pouce, mais c’est rare qu’il le trouve avant 3-4 mois. Il vous reste votre auriculaire (ou celui du papa, qu’il se rende un peu compte de ce que vous vivez), la tétine ou un biberon d’eau. Là c’est vraiment à vous de voir ce qui convient le mieux à tout le monde. Vous constaterez peut-être qu’il y a des moments où le bébé va pleurer au sein mais se calmer en tétant votre doigt.

Essayez de repérer le temps maximum d’une tétée (par exemple pas plus de 45 minutes) et d’établir un temps minimum entre deux débuts de tétées (1h30 – 2h). Evidemment il ne faut pas être rigide, ce sont de simples repères. Par exemple si l’enfant est malade, si vous voulez « acheter » son silence dans un lieu public, ou s’il fait très chaud (le lait devient alors plus dilué pour que l’enfant tète plus souvent et soit mieux hydraté), n’hésitez pas à le mettre au sein plus souvent. Pour le faire « tenir » entre les tétées, donnez-lui votre doigt ou une tétine et évitez de lui mettre la tête dans votre décolleté qui sent le lait à 300 mètres (préférez l’épaule). C’est un aspect un peu frustrant de l’allaitement dans ce cas : vous n’osez pas trop faire de câlin à votre bébé entre les tétées (qui ne sont pas forcément une partie de plaisir les premières semaines). Par contre le papa en profite bien (qui a dit que l’allaitement excluait les pères ?) !

On vous répètera aussi qu’il n’y a pas besoin de faire de rot au sein. Quand vous aurez observé 5 minutes de tétée à haute pression, vous réaliserez rapidement qu’une petite pause-rot s’impose, surtout si le pépère râle et se tortille.

Si vous avez besoin d’un peu d’air, essayez de recueillir un peu de lait pour faire un biberon (au début, évitez de tirer mécaniquement trop de lait pour limiter la stimulation) que le père pourra donner pendant que vous faites un petit tour/une sieste. Pour ce type de bébé la confusion sein-tétine est rarement un risque. Au contraire il arrive qu’il refuse carrément le biberon. Dans ce cas-là patience et longueur de temps font mieux que force ni que rage.

Craignez l’engorgement comme la peste et faites très attention à bien alterner les deux seins (n’hésitez pas à donner les deux à chaque tétée, même si c’est juste 5 minutes pour le deuxième). Je ferai bientôt un billet sur le sujet.

Généralement après un mois ou deux, les tétées s’espacent et se régulent graduellement, et votre production de lait s’adapte gentiment. Comme la plupart des femmes, l’allaitement devient plus simple et plus agréable vers 2-3 mois. Dommage, c’est la fin du congé maternité.

Enfin je suis bien consciente que ces problèmes, si insignifiants soient-ils, ne concernent pas la majorité, loin de là. Mais d’une part je connais personnellement plusieurs femmes qui se sont trouvées dans ce cas, et d’autre part ça n’est à peu près jamais évoqué dans les documents sur l’allaitement, que j’ai trouvé peu adaptés quand je pataugeais dans mon propre lait.