La basse-cour de la poule pondeuse

Avant j’avais des principes, maintenant j’ai des enfants

Bébé lotus 14 avril 2008

Filed under: 0-3 mois,Grossesse,Naissance — poulepondeuse @ 2:21
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J’ai récemment découvert l’existence d’un nouveau phénomène : le bébé lotus. Vous n’avez pas envie de faire les soins du cordon ? Le papa n’a pas envie de le couper ? Pas de problème, une fois le placenta sorti, laissez-le avec bébé. Oui vous avez bien lu, on laisse au bébé tout le cordon ET le placenta, jusqu’à ce que l’ensemble tombe de lui-même. Bon, ça implique de laver le placenta régulièrement, de l’emballer dans un (joli ?) sac en tissu/lange et éventuellement d’ajouter quelques gouttes d’huiles essentielles pour limiter les odeurs. Et du coup le cordon tomberait plus rapidement. D’après les défenseurs de cette pratique, cela :

  • limiterait les risques d’infection apparaissant au moment de la coupure du cordon (je ne connais pas la prévalence de ce type de pathologie mais ça n’a pas l’air d’être un problème majeur de santé publique)
  • éviterait de trop trimballer le bébé tant que le « pack » n’est pas tombé (tu m’étonnes, bonne chance pour le mettre dans le siège auto)

Sans compter l’aspect rituel/spirituel : le placenta deviendrait un ange gardien du poussin. Le nom de bébé lotus vient de la mythologie hindoue, selon laquelle « c’est du lotus éclos du nombril de Vishnou que va sortir notre monde ». Plus de détails ici et ici (en anglais). Je ne trouve pas les raisons pratiques très convaincantes.

Plus généralement, après Frédérick Leboyer, on tend de plus en plus à laisser le cordon cesser de battre avant de le couper : cela permet au poussin de passer en douceur au monde aérien, et lui permettrait également de recevoir une plus importante dose de fer, prévenant ainsi d’éventuels problèmes d’anémie.

Et il faut savoir que contrairement à une croyance répandue (j’avoue j’en faisais partie), la forme du nombril est déjà déterminée in utero, et ne dépend absolument pas de la coupure du cordon. Donc inutile de blâmer la personne qui a assisté votre naissance si vous n’aimez pas votre nombril !

En général, le placenta est pris en charge à la maternité par la sage-femme ou l’obstétricien avec le cordon et les membranes (ce sont les annexes du fœtus), et mêlé aux déchets de l’accouchement pour être traité en tant que déchet biologique (c’est-à-dire généralement incinéré avec précautions de transport et de stockage particulières pour éviter des contaminations potentielles). Mais il est d’abord soigneusement examiné par le praticien pour s’assurer qu’il est entièrement sorti : le moindre fragment non expulsé peut entraîner une hémorragie de la délivrance (une des principales causes de mortalité maternelle, heureusement jugulée dans les pays occidentaux).

D’autres usages possibles du placenta :

  • le manger : c’est ce que font la plupart des mammifères carnivores, cela permet à la mère de reprendre des forces après l’accouchement et de tenir quelques jours avant de repartir chasser. Et l’odeur du sang et de la chair risquerait d’attirer des prédateurs. Cependant vous avez tout à fait le droit de préférer le steak tartare (dont vous rêvez depuis 9 mois) ou une tablette de chocolat, sachant que les prédateurs de notre sociétés sont rarement attirés par les placentas. Sinon vous trouverez des recettes sur le net. Bon appétit bien sûr !
  • l’enterrer (et planter un arbre) : à éviter si vous habitez en ville, il n’est pas dit que ça tienne dans votre jardinière de géraniums.
  • faire un placent’art : il s’agit de réaliser une empreinte du placenta sur une feuille du papier, soit avec du sang, soit -après avoir lavé et essuyé la chose- avec de la peinture.

Le placenta a aussi de nombreuses vertus qui font qu’il a longtemps été utilisé en cosmétique ainsi que pour favoriser la cicatrisation. Vous pouvez toujours envisager d’en appliquer des morceaux si vous avez une cicatrice (césarienne, déchirure ou épisiotomie), le coeur bien accroché et un soignant à l’esprit ouvert…

Pour ceux que ça intéresse, vous trouverez ici un article très sérieux et complet : Le placenta : entre oubli familial et investissement médical, par Bernadette Tillard (Maître de conférences).

La pratique du bébé lotus semble relativement inoffensive (tant que l’enfant est en bonne santé bien sûr, mais j’imagine qu’en cas de problème il est toujours temps de le couper), mais quand même, quelle drôle d’idée non ?

 

9 Responses to “Bébé lotus”

  1. cybie Says:

    A la lecture de l’article, j’aurais dit « beurk », mais un truc m’a fait sourire, c’est le coup de la forme du nombril …

  2. Fleur Says:

    mais non, mais non, ça n’est pas nouveau!!

    et sinon, autre devenir possible pour le placenta (et quand ça nous arrive, ce n’est pas forcément très bon signe) : direction le service d’anapath! (testé et approuvé, évidemment…)
    une façon de contribuer à la science!! (sic!)… dommage que ça soit difficile à caser dans un CV…

  3. @ cybie : j’te jure, je me suis sentie bien bête quand la sage-femme des cours de prépa à l’accouchement nous a expliqué ça…

    @ fleur : tu as raison, j’aurais du écrire « une pratique ancienne suscitant un regain d’intérêt actuellement » 😉
    s’ils ont fait une publi avec ton placenta tu peux demander à être coauteur (j’ai une amie qui est coauteur d’un papier décrivant son cas d’allergie…)

  4. Fleur Says:

    et non, mon placenta ne montrait rien qui puisse expliquer les soucis de ma puce in utero…

    par contre, euh, une publi allergies, on y sera peut-être un jour, mais ce ne sera pas mon nom… plutôt celui de mes puces (présentées en staff comme exemples édifiants au sein d’une même fratrie, tout de même…)

  5. Mah-Yu Says:

    Je n’avais jamais entendu parler de cette histoire de lotus, c’est effectivement un peu déroutant, vu de notre bout de la lorgnette en tous cas.

    En revanche, le coup de laisser le cordon cesser de battre, j’ai trouvé ça très logique dès que j’en ai entendu parler, et c’est ce que j’ai demandé pour mon deuxième accouchement (pour le premier, la puce l’avait autour du cou, donc pas possible).

    Je crois que le prélèvement de sang de cordon est aussi très précieux, mais très peu de maternité sont équipées pour l’effectuer (la mienne ne l’était pas)

  6. Violette Says:

    Ben mince alors, moi aussi je me suis dit « beurk, quelle idée !! » au début, et je suis toujours un peu sceptique… trimballer un placenta, bof…
    Sinon, marrant pour la forme du nombril, j’y pensais encore récemment !

  7. @Fleur : rien ne t’empêche de te rajouter sur la publi 😉

    @Mah-Yu : oui il y a sûrement quelque chose à creuser avec cette histoire de sang du cordon, même si ça reste encore très peu répandu.

    @Violette : c’est pas pour moi non plus cette idée !

  8. Blandine Says:

    La Poule a 24h d’avance sur les médias!

    Si vous voulez en savoir plus sur le don de sang ombilical, vous pouvez écouter le journal de 7h de France Inter d’aujourd’hui
    http://www.radiofrance.fr/franceinter/info/journaux/
    (7h10 environ)
    La 1ère greffe de cellules souches de sang provenant du cordon a été réalisée il y a 20 ans. C’est une alternative à la greffe de moëlle osseuse.
    Je crois que deux maternités le proposent: Besançon et Bordeaux. Mais votre maternité peut faire le prélèvement et leur envoyer.

  9. Yes ! Et heureusement que tu es là pour nous cultiver. Tu gagnes un placent’art gratuit 😉


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