La basse-cour de la poule pondeuse

Avant j’avais des principes, maintenant j’ai des enfants

La valise (3) 9 avril 2008

Pour finir cette merveilleuse trilogie, réfléchissons à ce dont on a besoin pour quitter la maternité et accueillir un poussin chez soi.

Pour partir :

  • A moins que vous ne repartiez à pied, il vous faut un siège auto adapté (dos à la route ou nacelle). Il est conseillé d’en étudier la fixation AVANT le jour J.
  • Selon la météo et la saison il va falloir couvrir le poussin. Il est fortement déconseillé de le mettre en combinaison pilote dans le siège auto (pour la sécurité et puis il ne fait généralement pas si froid dans une voiture). Il existe des nids d’ange avec des petits trous judicieusement placés pour laisser passer la ceinture, et rien ne vous empêche de l’ouvrir une fois qu’il fait bon chaud dans la voiture. Globalement le nid d’ange m’a paru un bon investissement. Cela dit si vous accouchez en juillet à Montpellier, vous pourrez probablement vous en passer (quoi qu’avec le changement climatique, y a plus de saison ma brave dame).
  • Pensez aussi à prendre de quoi vous habiller, vous n’allez quand même pas sortir en tongs et en slip filet…

Une fois rentrés, quels sont les basiques indispensables ?

Pour coucher le poussin :

  • votre lit peut faire l’affaire si vous êtes adepte du cododo mais c’est quand même bien utile d’avoir un couffin/berceau/nacelle/lit de bébé selon ce que vous avez et ce qui vous arrange.
  • Pas de drap, couverture, oreiller ou édredon avant au moins 18 mois (oui il y a des enfants qui meurent étouffés dans leur couette à 1 an et oui j’en ai connu un). S’il fait froid, vous avez le choix entre gigoteuse, surpyjama et nid d’ange : privilégier les modèles les plus faciles à mettre avec nombreuses ouvertures. Pour les premiers mois le nid d’ange est pas mal. Pensez aussi aux draps housse et alèses.
  • Une veilleuse nous a été très utile pour nous occuper du poussin la nuit. Et cela fait plusieurs mois qu’il dort sans sans problème, pour ceux qui auraient peur de donner des mauvaises habitudes.

Pour changer le poussin :

  • N’achetez pas trop de couches d’un coup, que ce soient lavables ou jetables, car il faut trouver le bon modèle pour la morphologie du poussin (sans compter les problèmes d’irritation), et ça même le meilleur échographiste ne pourra pas vous aider. Un petit truc : il vaut mieux passer à la taille supérieure dès que le bébé atteint le bas de la fourchette de poids plutôt que de garder la taille inférieure le plus longtemps possible (ça n’empêche pas de finir le paquet bien sûr), car en plus de la taille la capacité d’absorption augmente aussi. Si vous souhaitez utiliser des lavables, c’est toujours utile d’avoir un paquet de jetables sous la main.
  • Même si on peut changer le poussin par terre, sur son lit ou que sais-je, c’est quand même bien pratique d’avoir un espace dédié à hauteur de parent (on n’est pas obligé d’acheter une table à langer, ça dépend vraiment de la configuration de votre chez-vous ; par exemple nous avons aménagé le dessus du lave-linge avec une grande planche et des tasseaux), où vous pourrez avoir tout ce qu’il vous faut sous la main. Investissez au moins dans un genre de matelas (il y en a un pas cher du tout et tout blanc -parfait pour les allergiques à Winnie et ses amis- chez le célèbre magasin d’ameublement bleu et jaune). Il vaut mieux choisir un endroit où tout est facilement nettoyable, y compris le sol, mais je n’en dis pas plus pour ne pas choquer les âmes sensibles.
  • Le plus simple est d’utiliser de l’eau et des carrés de coton (en supermarché à côté des couches), avec éventuellement une crème apaisante (genre liniment oléo-calcaire, en pharmacie). Si votre conscience écologique vous taraude, vous pouvez utiliser un gant de toilette et/ou des carrés de polaire lavables. En cas de grosse irritation, le mytosil est un grand classique (mais l’odeur…) ; j’aime bien les pâtes à l’eau comme eryplaste, ça marche bien et ça ne sent rien.
  • Prévoir évidemment une poubelle étanche, facile à nettoyer, grande (>15L sauf si vous avez un vide-ordure/adorez sortir les poubelles ; indispensable si vous utilisez des lavables) et de préférence à pédale (à moins que vous ne soyiez un poulpe).

Pour les soins :

  • Pour le cordon : compresses stériles, éosine en unidoses et alcool à 60°
  • Des unidoses de sérum physiologique sont utiles pour nettoyer le nez, les oreilles et les yeux. On en trouve en supermarché.
  • Un thermomètre peut s’avérer utile si vous soupçonnez de la fièvre.

Pour le nourrir :

  • Que vous allaitiez ou pas, il est utile d’avoir un ou deux biberons et une petite boîte de lait maternisé sous le coude. Attention, certains bébés refusent certaines tétines, donc il vaut mieux attendre de voir sa réaction avant d’en acheter 10 de la même marque. Et toutes les tétines ne sont pas compatibles avec tous les biberons (même si les fabricants prétendent le contraire). Pensez au goupillon pour nettoyer.
  • Pour stériliser, sachez qu’on peut faire bouillir 5 minutes (sauf le caoutchouc, qu’on peut stériliser avec des pastilles, vendues en hypermarché) ou passer 10 minutes à la vapeur (plus rapide dans l’autocuiseur). Donc si vous ne pensez stériliser qu’occasionnellement (pour info il n’est plus recommandé de stériliser systématiquement les biberons, sauf pour conservation du lait maternel), il n’est pas indispensable d’investir dans un gros bidule. Attendez un peu pour évaluer vos besoins.
  • Le coussin d’allaitement peut servir aussi bien pour le sein que pour le bib, et permet de bien s’installer pour des tétées qui sont souvent longues et fréquentes au début.
  • Si vous allaitez, attendez que la montée de lait soit passée pour racheter quelques soutiens-gorge d’allaitement, afin que votre taille soit à peu près stabilisée. Les hauts d’allaitement ne sont pas indispensables : on soulève son t-shirt et voilà ! Avec le bébé bien installé (et le coussin !) on ne voit rien de votre bidon qui pendouille. Les coussinets d’allaitement sont souvent indispensables au début, il existe des lavables et des jetables. Au moins au début, privilégier ceux avec effet « au sec » pour protéger les mammelons. Ne pas oublier son tube de lanoline à la maternité… Les coquilles recueil-lait sont pratiques aussi (souvent le sein qui n’est pas tété coule de concert avec son copain), ça permet de recueillir un peu de lait sans recourir au tire-lait et puis ça peut aider à stimuler la lactation si vous vous sentez dépourvue à ce niveau-là. Par contre à éviter à tout prix de les utiliser la nuit parce que c’est un coup à en mettre partout… Les bouts de sein en silicone (ou téterelles) sont controversés : certaines ne jurent que par eux, d’autres au contraire pensent qu’ils ont failli saboter leur allaitement. A utiliser avec discernement donc. J’ajouterai le téléphone d’une personne de confiance (et qualifiée) en cas de problème : sage-femme, consultante, bénévole d’une association…

Pour la jeune pondeuse :

  • Des stocks de serviettes hygiéniques (parce que pas évident d’envoyer votre homme, surtout qu’il risque de ne pas rapporter les bonnes) : désolée pour celles qui ne savaient pas mais après 9 mois de tranquillité, on rembourse avec pénalités de retard. Ne lésinez pas sur la qualité car ça peut durer facilement 2-3 semaines, ce qui peut être irritant à la longue (au propre comme au figuré). Je ne sais pas si des serviettes lavables pourraient être plus confortables (mais oui ça existe aussi !).
  • Un porte-bébé peut être utile très vite, même (et surtout) à la maison, pour pouvoir faire autre chose sans délaisser son poussin (et sans qu’il hurle comme si on voulait lui arracher un oeil, ce qui est très mauvais pour la santé mentale de ses parents).
  • Je crois l’avoir déjà mentionné dans ces pages, mais la sécu vous remboursera plusieurs visites de sage-femme à domicile (j’ai pas retrouvé le nombre exact), il ne faut pas hésiter à en profiter, elles sont compétentes pour (bien) s’occuper de maman et de bébé. Et c’est tellement plus agréable que d’aller courir à la PMI. Vous pouvez obtenir leurs coordonnées auprès de la maternité (entre autres).
  • De l’aide ! Que ce soit le papa ou une autre personne (bien choisie, évitez la belle-mère si elle vous donne déjà de l’urticaire en temps normal), on n’est pas trop de deux, ne serait-ce que pour nourrir la jeune mère (l’allaitement ça creuse !) et tenter de garder un certain contrôle sur l’état de la maison. Et je ne parle pas de celles qui ont en plus des aînés à gérer…

J’en ai peut-être (sûrement) oublié, donc n’hésitez pas à compléter en commentaire. Mais je crois que pour le reste du bazar (transat, tapis d’éveil, parc, chaise haute, écoute-bébé, trotteur, etc), rien ne presse. Vous allez recevoir des cadeaux, et puis si on ne veut pas que sa maison ressemble (tout de suite) une succursale d’Aubert et consorts, on peut y aller progressivement, et essayer de voir au fur et à mesure ce qui nous rendrait vraiment service. D’autant plus qu’avec internet on n’est plus obligé de faire une expédition pour le moindre achat.

 

Le concept du continuum 11 février 2008

Continuum Comme beaucoup de parents, je lis un peu tout ce qui me tombe sous la main lorsqu’il s’agit d’éducation et de comment s’y prendre avec nos poussins. En général, ce qui me plaît le plus, ce sont les auteurs qui prônent grosso modo de faire selon son intuition sans trop se prendre la tête (ahem, d’où l’intérêt de lire ce genre de bouquin…). Récemment j’ai voulu en savoir plus sur le concept du continuum, la bible du maternage. Pour vous rassurer immédiatement sur ma crédibilité de blogueuse, je ne l’ai pas lu. Malgré tout, j’ai fait un grand tour sur le site officiel et je pense en avoir retiré la substantifique moëlle. N’hésitez pas à me reprendre dans les commentaires et à nous faire profiter de votre expérience.

L’auteur, Jean Liedloff, a participé à plusieurs expéditions au Venezuela où elle a pu partager la vie des Indiens Yequanas dans la forêt amazonienne. Ayant constaté à quel point ce peuple et en particulier leurs enfants avaient l’air heureux et paisible, elle a tenté de comprendre les bases de leurs principes d’éducation. Voici les principaux points qu’elle a développés :

  • le bébé doit être depuis la naissance en contact physique permanent avec sa mère ou une autre personne ; il ne doit quitter les bras (ou un porte-bébé) que vers 6-8 mois lorsqu’il commence à se déplacer
  • il doit dormir dans le lit de ses parents (avec les parents bien sûr) jusqu’à ce qu’il le quitte de sa propre initiative (généralement vers 2 ans)
  • il faut l’allaiter complètement à la demande
  • on doit répondre immédiatement à ses demandes (faim, sommeil, câlin, etc) sans dévaluer l’enfant comme pénible, mais sans non plus en faire le centre de l’attention

Bon, autant vous dire que ça ne me paraît pas transposable tel quel au mode de vie occidental (au mien en tout cas). En même temps, ça n’est pas très grave, car notre mode de vie n’est pas celui des Yequanas, donc il ne me semble pas choquant que les enfants y soient préparés différemment. Ce qui me semble le plus intéressant, c’est le dernier point, celui qui à mon sens est le corps de cette théorie.

L’idée de répondre à la demande aux besoins de l’enfant (ou au moins du nouveau-né) est de plus en plus populaire en Occident. Cette pratique centrée sur l’enfant peut tendre à le mettre sur un piédestal et à lui donner un sentiment de toute-puissance. Pour Jean Liedloff, c’est nocif. L’enfant a besoin de sentir que l’adulte qui s’en occupe sait ce qu’il fait et ce qu’il veut, et pas qu’il recherche son assentiment pour chaque acte simple du quotidien. En outre, c’est l’enfant qui doit s’intégrer dans la vie de ses parents et non l’inverse. Elle prône ainsi que les parents vaquent à leurs activités habituelles en compagnie de l’enfant sans chercher ni à en faire le centre ni à le repousser. Si au cours de cette activité l’enfant manifeste un besoin, il faudrait y répondre simplement puis retourner à cette activité dès que le besoin est satisfait, voire si c’est possible continuer ce qu’on faisait en s’occupant de l’enfant. Pour elle, les enfants sont naturellement sociaux, c’est-à-dire que leur disposition innée est de collaborer avec les adultes et de participer à leurs activités.

Je trouve ceci extrêmement intéressant pour plusieurs raisons. D’une part, cela va à l’encontre de l’idée reçue selon laquelle une éducation plutôt fusionnelle et à l’écoute de l’enfant devrait obligatoirement créer de petits tyrans. D’autre part, je suis largement déculpabilisée de tous ces moments où je suis avec mon poussin sans vraiment m’occuper de lui (sans parler de toutes ces tétées pendant lesquelles j’ai bouquiné, parlé au téléphone, regardé la (trash) télé… shame on me !).

Evidemment, tout ceci est très séduisant sur le papier : des enfants calmes et heureux, des parents qui n’élèvent jamais la voix… N’oublions pas que les Indiens Yequanas vivent quasi-nus (« tu vas mettre tes chaussures oui ! »), n’ont pas de canapé Roche Bobois en soie sauvage écrue (« aaaaah nooooooon pas le nutella »), ne doivent pas aller à l’école ou chez le pédiatre (« dépêche-toi maintenant on est en retard »), et n’ont pas de gadgets coûteux (« arrrgll mon iphone dégouline de bave »). En prime ils profitent d’une structure sociale resserrée où la mère peut facilement confier son enfant à sa famille ou à d’autres enfants plus grands.

Malgré tout, ces pistes me semblent intéressantes. Quelqu’un a testé ?